Histoires

ELLE A à Tà PULVRISE! Chronique d’une blessure sportive

COF
La Fondation Canadienne d'Orthopédie

Patti Watkins

Vous voulez un bon conseil? Si vous risquez de subir une blessure sportive qui nécessite une chirurgie, essayez de la subir en semaine, alors que tout le monde n’est pas occupé à  se blesser et à  avoir besoin de soins. Si, faute de malchance, vous subissez une telle blessure la fin de semaine alors que vous pratiquez votre sport favori, assurez-vous que l’on diffuse les Jeux olympiques à  la télé, car vous aurez bien des heures devant vous pendant que vous serez sur la touche.

Ces conseils, obtenus à  la dure, sont donnés d’un ton ironique par Patti Watkins, originaire de Barrie, en Ontario, màre de deux enfants et ailier gauche robuste pour la ligue de hockey-balle mixte locale à  ses heures. Son équipe était d’ailleurs en plein match éliminatoire quand, soudain : J’ai probablement voulu trop en faire sur une surface glissante. Tout s’est passé tràs vite. Tellement vite qu’elle a du mal à  se rappeler l’incident. La faàçon dont je suis tombée… je crois que j’ai glissé dans la bande. Il y avait peut-etreun bà¢ton entre moi et la bande. Peu importe : les genouillàres souples qu’elle portait ont tràs peu amorti le choc.

On l’a aidée à  quitter la surface de jeu, puis, encore sous l’effet de l’adrénaline, Patti est restée debout une minute avec l’idée de se rendre au banc de neige pour mettre de la glace sur son genou. Mais elle ne pouvait plus bouger. C’est en ambulance que Patti s’est rendue aux urgences du Royal Victoria Hospital, de Barrie. Quand je suis arrivée, c’était tràs, tràs, tràs occupé. C’était un dimanche. Je crois que j’ai attendu quatre heures avant de passer aux rayons X. D’apràs ce qu’on m’a dit, le dimanche est la pire des journées aux urgences, parce qu’il y a beaucoup de blessures sportives et liées aux loisirs.

à?¬ voir la radiographie, le diagnostic était sans équivoque. Le terme technique utilisé par le médecin a été pulvérisé , explique-t-elle, pince-sans-rire. Une cassure nette est une fracture. Ma rotule gauche, elle, était fragmentée en cinq morceaux. Mà me si le diagnostic était on ne peut plus clair, il semble y avoir eu confusion quant au moment o๠traiter le genou de Patti. On lui a donné des analgésiques et on a immobilisé son genou dans une attelle. Ensuite, Patti se rappelle que le médecin de garde l’a renvoyée chez elle en lui disant de ne rien manger ni boire apràs minuit. Quelqu’un devait la rappeler pour confirmer son admission en chirurgie le lundi matin. Apràs une longue et souffrante attente jusqu’au lundi apràs-midi, Patti, qui mourait de soif, a appris qu’elle devait en fait subir son opération le lendemain, tà´t en matinée.

Aux aurores, le mardi matin, Brent, le mari de Patti, l’a conduite à  l’hà´pital. Ce faisant, ils ont raté l’appel téléphonique demandant à  Patti de patienter encore à  la maison parce qu’aucun lit n’avait été libéré. Patti a donc repris le chemin de la maison pour, trois heures plus tard, retourner au Royal Victoria Hospital. Elle avait en effet reàçu un second appel confirmant qu’il y avait maintenant un lit de libéré. Et, croyez-moi, monter et descendre d’un véhicule avec un genou dans une attelle, ce n’est pas de tout repos. Presque deux jours apràs son accident, Patti a subi une chirurgie, qui a duré deux heures. Le Dr Ikejiani, mon orthopédiste, m’a dit que je ne m’étais vraiment pas manquée, affirme-t-elle. Il a rapiécé ma rotule du mieux qu’il a pu en attachant les piàces ensemble. Apràs une nuit passée à  l’hà´pital, Patti est rentrée chez elle la jambe entiàrement dans le plà¢tre.

C’est à  ce moment que la couverture télévisée des Jeux olympiques s’est avérée extrà mement utile, surtout avec les diffusions en direct aux petites heures du matin qui ne pouvaient qu’intéresser tout mordu, insomniaque ou convalescent la jambe entiàrement dans le plàtre et équipé d’une télécommande. Patti reconnàt qu’elle a été tout cela à  la fois au cours des deux premiàres semaines de sa convalescence, se réjouissant pour l’équipe de hockey féminin et grimaàçant de douleur la minute à un athlàte se blessait. J’ai aussi découvert le soccer et d’autres programmes en matinée que je ne connaissais pas du tout. Puis, durant quatre autres semaines, alors que tout redevenait graduellement à  la normale apràs l’effervescence des Jeux de Turin, Patti devait se déplacer en béquilles en évitant de mettre du poids sur sa jambe gauche.

Puis, à  la fin du mois de mars, on lui a enlevé son plà¢tre, mais, à  sa grande déception celui-ci a été remplacé par une attelle. C’est alors que Patti a sérieusement entrepris ses séances de physiothérapie. Mà me si elle était admissible aux services de physiothérapie de l’hà´pital du fait de son opération dans cet établissement, on lui a annoncé qu’il y avait une liste d’attente de quatre à  six semaines pour la clinique. Consternée de constater à  quel point ses muscles s’étaient atrophiés en six semaines d’inactivité et par la longue liste d’attente des services publics, elle a opté pour une clinique privée, mais se demande ce qui serait arrivé à  quelqu’un d’autre qui n’aurait pas eu les moyens de payer les séances.

Au début, explique-t-elle, on met des électrodes sur les muscles pour les faire se contracter et se détendre. Puis, assise sur une chaise, je devais essayer de lever la jambe bien droite en pointant les orteils. J’ai mis environ cinq heures pour y arriver. C’est comme si on avait oublié comment faire. Mais, une fois que j’y suis arrivée, les exercices ont avancé assez rapidement. J’espàre etrecapable de me déplacer sans problàme cet été.

Patti déclare que toute cette aventure a été un long apprentissage. Elle est d’ailleurs la premiàre à  constater la véritable ironie derriàre sa blessure. Environ trois semaines avant d’aller embrasser la bande, Patti avait commencé à  travailler à  temps partiel pour la Fondation Canadienne d’Orthopédie, dans le domaine des relations avec les bénévoles. On n’a pas vraiment idée de ce que àça peut etretant qu’on n’a pas vécu la douleur et la perte de mobilité. Aujourd’hui, j’ai vraiment beaucoup d’empathie pour les gens que nous aidons.